Dossier : L'impact environnemental des réseaux du numérique

Les industriels du SYCABEL se sont emparés des enjeux environnementaux de différentes manières et s’attèlent à mettre en place de l’éco-conception pour réduire l’impact des infrastructures des réseaux numériques.

1) Situation et leviers de réduction

Selon les rapports ARCEP/ ADEME, du 19 janvier 2022 et du 25 avril 2022 le numérique représenterait aujourd’hui 3 à 4 % des émissions globales des gaz à effet de serre (GES) dans le monde et 2,5 % de l’empreinte carbone en France, mais surtout elle augmente significativement de l’ordre de 5 à 6% par an (travaux The Shift Project).
La consommation électrique pour les services numériques en France est estimée à 48,7 TWh, ils sont responsables de 10% de la consommation électrique française.
Les premiers responsables des impacts du numérique en France sont les terminaux « utilisateur », c’est-à-dire les appareils électroniques (entre 64% et 92% des impacts, en premier lieu les écrans de télévision), suivi par les centres de données (entre 4% et 22% des impacts) et les réseaux (entre 2% et 14 %).
L’analyse des impacts environnementaux du numérique démontre que c’est la phase de fabrication qui est la principale source d’impact (78 % de l’empreinte carbone), suivie de la phase d’utilisation (21 % de l’empreinte carbone).

L'impact des réseaux

Les réseaux peuvent être divisés entre réseaux fixes (xDSL, FTTx), et réseaux mobiles (2G, 3G, 4G, 5G).
A l’échelle de la France, les réseaux fixes génèrent plus d’impact que les réseaux mobiles. Mais, rapporté à la quantité de gigaoctets consommée sur chaque réseau, l’impact environnemental des réseaux fixes devient inférieur à celui des réseaux mobiles. Par Go consommé, les réseaux mobiles ont près de trois fois plus d’impact que les réseaux fixes pour l’ensemble des indicateurs environnementaux étudiés.

2) Le processus de décarbonation industrielle

Tous les acteurs de la filière industrielle des infrastructures numériques ont intégré l’enjeu stratégique et l’impérative nécessité de la réduction rapide de l’empreinte carbone du numérique qui permettra aussi d’augmenter l’efficacité énergétique et la décarbonation de l’énergie dans beaucoup d’autres secteurs et usages.

Les industriels du SYCABEL sont directement impliqués dans la production des câbles et de certains de leurs constituants (par exemple la fibre optique) et de la plupart des matériels passifs de raccordement et d’extrémité (armoires, boîtiers, cordons...) des infrastructures des réseaux d’énergie et de télécommunications.

Dans les réseaux fixes, la fibre optique est la technologie la moins gourmande en énergie

Plusieurs leviers de réduction de l'empreinte carbone du numérique peuvent être combinés :

  • Améliorer l’efficacité énergétique et réduire l’intensité carbone à la production et à l’usage des équipements.
  • Prendre en compte l’intensité carbone de l’énergie des pays producteurs.
  • Promouvoir l’éco-conception des produits.
  • Allonger la durée de vie des équipements et tendre vers une sobriété à l’usage.
  • Optimiser les flux logistiques et privilégier les circuits courts.

Evaluer l'impact carbone afin de pouvoir le réduire

L’impact carbone des produits est évalué à l’aide de Profils Environnementaux Produits (PEP). Un PEP fait partie de la famille des déclarations environnementales produits (EPD, Environnemental Product Déclaration).

Il établit une carte d’identité environnementale d’un produit. Il se base sur les résultats d’une Analyse du Cycle de Vie (ACV), en prenant en compte toutes les étapes de vie du produit, de l’extraction des matières premières à sa production, jusqu’à sa fin de vie, sans oublier les transports et l’usage même du produit.

Les calculs des impacts environnementaux

Ces calculs sont effectués grâce à des logiciels dédiés d’analyse de cycle de vie et d’écoconception. L’ensemble de l’analyse est ensuite vérifié par une tierce partie agréée, assurant ainsi une conformité et une neutralité des données mises à disposition sur le site de PEP ecopassport®.
PEP ecopassport® est un programme international de déclarations environnementales co-créé par des industriels en 2009, travaillant étroitement avec la commission européenne dans le but d’élaborer une réglementation environnementale à l’échelle de l’Europe, le PEF (Product Environmental Footprint). L’objectif est d’établir un référentiel commun, permettant de calculer, puis de déclarer l’empreinte environnementale d’un produit de manière rigoureuse et transparente. Le PEP est donc un outil largement utilisé en Europe. Ce cadre normatif d’analyse de cycle de vie (ISO14040 / ISO14025) a été complété avec la rédaction de PCR (Product Category Rules) et de PSR (Product Specific Rules), qui fixent les règles des calculs spécifiques notamment pour les équipements optiques.

Il ressort de toute cette méthode rigoureuse de calcul différents indicateurs, dont l’indicateur de réchauffement climatique (GWP for Global Warming Potential) aussi appelé « l’impact carbone » d’un produit. Cet indicateur, dont l’unité est le kg CO2-eq, comptabilise les émissions des gaz contribuant à l’effet de serre tout au long de la vie du produit.

Les outils numériques (des terminaux aux câbles de l’infrastructure réseau) ne sont pas des émetteurs directs de gaz à effet de serre. Les émissions de gaz à effet de serre des outils numériques sont dues à l’extraction des matériaux de base, à la transformation des ressources (plastiques, métaux etc.), à la production, et à l’alimentation de ces équipements numériques en électricité pour leur fonctionnement.

Le principal impact carbone d’un équipement passif provient de la partie production dans l’analyse du cycle de vie.

L'importance du mix énergétique du lieu de production

graph intensité carbone electricit&ea

L’empreinte carbone du numérique est variable selon les sources d’énergie utilisées lors de la production et de l’usage des matériels. L’électricité utilisée pour la production des équipements est plus ou moins carbonée selon le pays de production. L’ADEME estime que le facteur d’émission moyen de l’électricité française est de 57 gCO2 /kWh, soit 10 fois moins que celui de la Chine.

On constate alors aisément que la production d’un même câble optique est nettement plus impactante écologiquement si elle est basée en Asie ou aux Etats-Unis comparée à l’Europe et tout particulièrement à la France. S’ajoute à cela l’impact carbone direct du transport lié à l’importation de ces produits. Le choix des fournisseurs influe donc significativement sur l’impact carbone global des infrastructures numériques.

Démarche d'éco-conception pour réduire l'impact direct

L'innovation : Les industriels du SYCABEL innovent afin de réduire leur impact direct. Certains process et l’ingénierie des câbles optiques ont été repensés, de manière à réduire les apports matières, tout en gardant de très bonnes performances, afin d’assurer la pérennité des réseaux en conformité avec les normes produits AFNOR recommandées par l’ARCEP, assurant ainsi la fiabilité à long terme des infrastructures [cf article p.19 : Adaptation des produits fibres optiques pour assurer la fiabilité des réseaux à long terme].

La partie logistique de distribution est également un poste significatif dans la globalité de l’impact carbone calculé dans l’analyse du cycle de vie d’un câble optique. Cette volonté d’éco-conception oblige ainsi les industriels à optimiser les taux de remplissage des camions, mais aussi à innover, en utilisant un conditionnement réfléchi avec des emballages plus vertueux par exemple.

Une démarche environnementale globale : La mesure de l’impact environnemental est donc la première pierre d’une démarche environnementale globale, et permet d’évaluer finement les leviers sur lesquels il est possible d’agir et d’innover pour minimiser l’impact des produits et solutions fournis. Que ce soit au niveau du choix des matériaux, des process de production, du conditionnement ou encore de la chaîne logistique de distribution, chaque choix peut avoir un impact positif.

Les industriels du SYCABEL se sont emparés des enjeux environnementaux de différentes manières et s’attèlent à mettre en place de l’éco-conception pour réduire l’impact des infrastructures des réseaux numériques.